Pas de répit

Non, finalement, pas de répit.

L’escalade continue. Quoique, à vrai dire, je ne sais pas s’il faut parler d’escalade. Ce terme convient mieux à une situation où, dans un va-et-vient incessant, deux camps se radicalisent l’un face à l’autre et vont chaque fois plus loin dans la provocation et la dénégation de l’autre. Il me semble ici que le camp des accusateurs outragés se radicalise unilatéralement, prenant appui sur la manifestation de haine de la veille pour intensifier l’appel au meurtre du lendemain, comme si les foules hurlantes s’escaladaient elles-mêmes.

La fièvre ne retombe pas, mais comment le pourrait-elle ? Aucun appel au calme n’a été lancé du côté des populations jetées à âme perdue dans cette effroyable explosion de violence aveugle. Les gouvernements concernés n’ont fait qu’encourager les manifestations, exacerber les haines et parfois même ajouter des motifs insensés à des motifs douteux. Les rares voix courageuses (héroïques ?) qui ont tenté de lancer un appel à un peu de raison se sont vues étranglées et jetées en prison. Pourquoi la folie prendrait-elle fin ?

Mais face à une telle auto-escalade vers le désastre, le silence timide, transi ou panique des démocrates officiels n’est-il pas moins coupable ? Je suis effaré par la capitulation implicite des représentants autorisés de nos valeurs les plus précieuses et si chèrement gagnées au cour des siècles !

Il y a plus de siècles, Benjamin Franklin prononçait ces paroles lourdes et prophétiques (lues sur le forum des HA) :

Ceux qui sont prêts à sacrifier un peu de libertés fondamentales en échange d’un peu de sécurité ne méritent ni l’une ni l’autre.

Il me souvient également ces vers de Yeats, tirés de son poème “The second birth” (la seconde naissance), sur la naissance de l’antéchrist, vingt siècles après celle de Jésus :

the best lack any conviction, while the worst
are full of passionate intensity

(Les meilleurs manquent de tout conviction, tandis que les pires
sont pleins d’intensité passionnée…)

Les voies de l’évolution sont impénétrables : les autruches n’ont que des simulacres d’ailes et ne savent plus voler depuis longtemps, mais je crois qu’elles sont menacées de disparition pour de bon !

Faut-il s’en alarmer ? Inutile de pondre de beaux gros œufs parfaits qu’on range dans les vitrines : il est temps de sortir nos têtes du sable !

ET