In memoriam Anne-Marie Parizot

Anne-Marie Parizot

Salut Anne-Marie.

Salut parce que tu pars.

Salut parce que tu arrives – ailleurs… une autre rive du monde. Ou bien le monde hors de ses rives…

Salut pour le salut, pour que tu sois sauve, et que tu sauves, pour enrichir ton âme, cette expérience de vie.

Une vie plus courte qu’on ne l’aurait imaginée. Mais il est vrai que la Vie ne s’imagine pas. C’est plutôt la Vie qui nous imagine.

La vie se vit. Et se partage. Et se déploie. Et se poursuit à l’infini.

Au-delà de la peine et de la douleur, nous sommes reconnaissants aussi pour cette vie belle et riche, gracieuse et aimante.

Tu as connu l’amour de cette vie, la joie de cette vie, la chaleur de cette vie. Et puis la douleur de cette vie, la maladie, qui t’a paru tellement absurde, tellement injuste. Et même la frayeur.

Cette frayeur à la fois tellement naturelle et tellement vaine devant la vérité, hélas !

Vaine comme le refus de ce qui est, quand ce qui est ne peut pas ne pas être. Vaine aussi comme notre vanité d’Homme, par laquelle nous pensons instinctivement nous grandir en nous croyons exceptionnels, uniques, singuliers, alors que ce faisant, naturellement, nous nous limitons.

Limitant notre conscience à notre vie biologique.

Limitant notre Vie à cette vie.

Limitant notre expérience de l’Être à une simple histoire, avec un petit « h », circonscrite à la matière, aussi belle soit-elle : l’Histoire avec un grand « H », qui nous accueille et nous transcende, l’est tellement davantage !

C’est la vraie Vie ! Sans limites. Et tu y participes aujourd’hui comme hier.

Et tu le sais plus fermement encore maintenant, comme tu l’as su dans ces moments d’intensité, de communion et d’amour que tu as nourris et dont nous avons aussi été nourris à tes côtés : la mort, c’est encore la Vie !

La mort ne diffère de la vie que dans l’apparence – une apparence que tu sais à présent secondaire. Et la mort n’a pas moins de sens que la vie. Elle nous rappelle au contraire quel sens la vie peut avoir : celui de la participation à une réalité plus vaste, dépassant les limites de cette existence corporelle, approximative et conditionnée par les circonstances – des circonstances qui ont été particulièrement belles, joyeuses et rayonnantes à tes côtés, des circonstances qui nous enrichissent et nous illuminent parfois, mais qui demeurent en quelque sorte anecdotiques.

Même si on a tant de bonheur à les goûter quand elles sont favorables, la valeur de la Vie n’est pas tant dans ces circonstances passagères que dans cet enrichissement et cette lumière qu’elles nous procurent. Une lumière qui n’a pas de fin. C’est elle qui tu vois briller là, autour de toi, quelles que soient les formes que tu contemples avec les yeux de l’âme, et c’est encore elle qui nous éclaire ici, quand nous te saluons, quand nous pensons à toi et à tous ceux qui ont fait sourire nos vies.

Cette participation à la mélodie universelle, à l’harmonie polyphonique de l’Être, c’est sans doute celle que tu appelais et chérissais dans la musique. Et c’est celle dont tu dois entendre à présent, et au présent, les modulations cristallines, joyeuses, dont tu nous as offert tant de magnifiques reflets terrestres, dans la simplicité joyeuse des interactions que tu as eues avec nous tous, à la volée, parfois subrepticement, à travers ton sourire gai et enjoué. Un sourire qui rit. Un rire qui sourit à la fois. Tendrement.

Dans cette musique universelle, ta mélodie est douce et belle. Qu’elle puisse encore s’enrichir dans le cristal de la Vérité qui t’accueille et nous accueillera tous, et que nous puissions en entendre, de-ci de-là, les harmoniques les plus sautillantes et les plus mélodieuses, caressantes comme la légèreté, attendrissantes comme la simplicité spontanée de la grâce, à laquelle tu savais joliment participer, à laquelle tu sais toujours participer.

 

Nous t’aimons.
La Vie t’aime aussi puisqu’elle t’a imaginée. (Elle doit nous aimer aussi puisqu’elle nous a rêvés dans une histoire commune… 😉 )
Elle ne cessera jamais de t’aimer.
Nous non plus.

 

Alors, salut à toi. Sois sauve, et sauve-toi dans l’unisson de la musique.

Légère. Plus légère. Encore plus légère. Une musique au-delà des notes. Comme un mystère. Que le Cœur seul peut entendre.

Comme dans le poème d’Edward Shank :

      Si loin… si faible…
      Une grive assoupie ? Un rossignol qui s’éveille ?
      Silence. On ne sait pas.

 

(voir aussi la note de la femme aux semelles de vent et celle de Girl Power 3.0)

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