Question à Stephen Hawking

Le temps, l’origine, la cosmologie…

Dans le billet précédent, je m’interrogeais un peu sur ce que peut être un questionnement capital, ou fondamental, et sur les différences qui existent entre les centres d’intérêt majeurs des uns et des autres. De fait, ce qui est très important pour certains peut paraître futile à d’autres.

Une question notoirement capitale – historiquement capitale, pourrait-on dire – est la question des origines. Mais ce qu’on entend par origine peut être très variable ! D’une civilisation à l’autre, d’une époque à l’autre, la cosmogonie revêt des formes très diverses, un mythe chassant l’autre, une représentation faisant place à la suivante, un cadre général remplaçant le précédent, ou s’y surimposant, ou coexistant avec lui…

Pour ceux que ça intéresserait, je signale un “événement” qui aura lieu le vendredi 5 mai (pour la communauté scientifique) et le samedi 6 mai (pour le grand public, comme on dit un peu bêtement). Il s’agit de l’inauguration du laboratoire APC, de l’université Denis Diderot (Paris 7) et du CNRS. « APC » veut dire « AstroParticules et Cosmologie ». Le terme « astroparticules » désigne une discipline charnière entre l’astrophysique (notamment l’astrophysique des hautes énergies) et la physique des particules (en gros, c’est dans ce domaine très ouvert et pluridisciplinaire que se situent l’essentiel de mes recherches). Quant à la cosmologie, c’est la science de la forme globale de l’univers, à la fois dans l’espace et dans le temps (ce qui inclut donc son évolution, et donc éventuellement son origine et sa fin).

Voilà donc un laboratoire aux activités passionnantes, n’est-ce pas ? (Il est probable que je le rejoigne très prochainement 😉 …)

Mais les passions sont relatives, et certains pourront considérer légitimement que ces questions sont de peu d’intérêt pratique, qu’elles sont anachroniques (compte tenu de la situation des hommes et du monde), ou bien fumeuses, voire illusoires. Quoi qu’il en soit, pour ceux qui se sentent intéressés, le programme scientifique de la journée du 6 mai aura peut-être de quoi susciter leur intérêt : quatre conférences, tout d’abord de notre cher Jim Cronin – père de l’Observatoire Pierre Auger (le détecteur de rayons cosmiques ultra-énergétiques, en Argentine, dont il faudra que je vous parle un jour…), et par ailleurs prix Nobel de Physique ! – puis une conférence de Gabriele Veneziano, professeur au Collège de France, et surtout très grand physicien, père de la fameuse « théorie des cordes » (un des cadres les plus fructueux de la physique moderne), ensuite, une conférence de Jacques Paul, membre fondateur de l’APC, justement, et père de l’astronomie gamma en France, et enfin une conférence de Stephen Hawking, que l’on ne présente plus, et dont les travaux sur la relativité générale, les trous noirs et l’origine de l’univers justifient pleinement la considération exceptionnelle de ses pairs (et du grand public – encore lui 😉 ).

Si vous êtes intéressés par cette quadruple conférence assez exceptionnelle, vous pouvez y assister (à la Bibliothèque Nationale de France, à Paris). Il suffit (en principe) de vous inscrire ici.

Bref, je referme cette parenthèse.
Pour reprendre le fil du questionnement sur le sens et la portée du questionnement lui-même, je me demande comment mes collègues situent leurs interrogations scientifiques dans l’histoire de la pensée, d’une part, et dans l’histoire de la conscience, d’autre part (en ne donnant d’ailleurs pas forcément ici un sens temporel, et encore moins linéaire, au mot histoire).

Du coup, comme il est possible, en s’inscrivant sur le site web ci-dessus, de poser une question par Internet à Stephen Hawking (à laquelle il répondra peut-être à l’issu de son intervention sur l’origine de l’univers), j’ai posé la question suivante :

La question de l’origine de l’univers est principalement soulevée en Physique en relation avec le « temps ». Pensez-vous que la cosmologie pourra à terme élargir sa perspective historique ? Dans quelle mesure l’ontologie peut-elle être considérée comme faisant partie de la Physique ?

J’imagine qu’il ne pourra pas répondre à toutes les questions. Mais s’il répond (et s’il comprend que la question porte sur un autre type d’origine – non pas temporel, mais ontologique – du monde physique), je vous tiendrai au courant !

En attendant, le temps poursuit sa course sur la planète Terre.

À Paris, c’est le printemps, les soirs s’allongent comme les saules…
Saule parisien, sur l'île de la Cité
Lumineusement !
ET

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