À quand la grippe pour les avions ?

J’ignore combien de temps encore les Hommes bénéficieront de cette machine étonnante qu’on appelle « avion ». La crise énergétique mondiale est proche, et il faut s’attendre à une augmentation importante du coût des vols, et donc à une diminution du trafic aérien.

En attendant, tous ceux qui ont déjà eu la chance de se trouver à bord d’un aéroplane savent que c’est toujours une expérience extraordinaire. Je pense que même si on a peur en avion, la beauté du spectacle finit toujours par nous saisir. Quelques mots tout simples suffisent à le décrire : voler, voir la Terre d’en haut, franchir les distances, surplomber les nuages… Est-ce parce qu’une telle chose est en quelque sorte « anatopique » qu’elle nous fascine à ce point ? Comme nous serions fascinés par l’« anachronisme » d’un voyage dans le temps, quand bien même il ne remettrait pas en cause ni ne modifierait directement notre réalité locale…

Car si l’expérience de l’avion est de mille façons révolutionnaires pour l’Homme, elle n’abolit aucune réalité et ne modifie en rien sa présence à lui-même. Paradoxe du voyage, où l’on s’emmène partout où l’on va…

Il n’en reste pas moins que changer de point de vue peut être salutaire.

Prendre l’avion, c’est aussi mieux comprendre la géographie, percevoir l’organisation de la Nature, mais aussi de la société humaine, à une échelle inhabituelle. Vu du ciel, tout paraît aller de soi, de sa propre nature. Les fleuves deviennent des obstacles ou des voies. Les montagnes, des frontières. Les plaines, des berceaux. Les forêts, des tapis enchantés. Les mers, des espaces. Les îles, des havres. Les déserts… des déserts !

Et les nuages… Ah, les nuages ! Tout un peuple inconnu de lutins et de sylphes, inaccessible aux inattentifs, habite ces contrées subtiles. Il faut les voir à la fois se cacher et se blottir dans cet édredon de coton vaporeux, s’affairer agilement le long de rivages en équilibre, au bord de lacs ou de mers qui sont des puits sans fond ouvrant sur le monde d’en bas, ou bien gravir ces pentes enneigées sur lesquelles tomberont bientôt les feux rosés du couchant, transformant ce nappage souple et aéré en une barbe à papa géante !

J’ai la chance de prendre assez souvent l’avion (à vrai dire, c’est plutôt lui qui me prend !). Chaque fois, je me dis que le point de vue renversant qu’il nous donne sur notre Terre justifie amplement l’aventure. Qu’on se retrouve effectivement à un autre point du globe après quelques heures apparaît alors secondaire…

Demain, pourtant, je me rendrai de Mendoza, capitale de la province argentine du même nom, célèbre pour son activité vinicole, à La Paz, la mythique ville andine, capitale de la Bolivie, où m’attend probablement un sérieux mal de crâne, pour cause d’altitude excessive… Le voyage sera assez tortueux, comme les chemins des Andes : Mendoza / Buenos Aires, puis Buenos Aires / Santa Cruz de la Sierra, puis Santa Cruz de la Sierra / Cochabamba, puis Cochabamba / El Alto – La Paz !

Quatre vols en une seule journée. Quatre décollages, quatre atterrissages ! (Du moins j’espère ! 😉 )

Pendant combien de temps pourrons-nous encore utiliser l’avion de la sorte ? On m’a dit un jour qu’un simple aller-retour transatlantique faisait émettre à chaque passager (par le kérosène consommé) autant de CO2 que la limite fixée par les accords de Kyoto pour toute une année ! Ça donne à réfléchir ! Manifestement, je suis un énorme pollueur…

Saurons-nous un jour nous passer des ressources pétrolières ? Cette question a une réponse très claire : oui ! Comment ? Je n’en sais rien. Mais de fait, quand il n’y aura plus de pétrole, on n’en consommera plus ! Et cela ne saurait tarder, comme chacun sait…

En attendant, j’adresse une pensée émue aux oiseaux de toute la planète, qui, sous le regard pour le moins ambigu des humains, affrontent depuis de très longs mois la fameuse épidémie de grippe aviaire, dont l’appellation nous rappelle au passage l’origine latine du mot « avion »…

Honneur à vous, navigateurs des cieux limpides, fiers étendards ailés de nos passions aériennes. La Terre unanime vous salue et vous souhaite bon vol !

ET

3 thoughts on “À quand la grippe pour les avions ?”

  1. La grippe pour les avions, c’est pour bientot ! La crise petroliere est effectivement pour bientot, mais doit-on vraiment faire voler des avions jusqu’a epuisement des stocks ? Il est vrai qu’un avion emet autant de CO2 si tous ses passagers faisaient le trajet en voiture… Et ils sont a l’origine de bien d’autres nuisances…

    Moi aussi je suis emerveille quand je vole : la premiere fois que j’ai survole la cote bresilienne, puis la pampa argentine, avant de passer a deux encablures de l’Aconcagua pour finalement atterrir a Santiago, quel emotion ! Et puis il y a eu les Canaries, sublimes, le Groenland et le Grand Nord canadien survole pour aller a San Francisco, et les Alpes, sur un Venise-Londres… Grandiose.

    Pourtant quand je pense a toute cette pollution generee par les avions, le plaisir devient moins intense. En dehors du fait que si voler et decouvrir la Terre d’en haut est une experience sympathique, les aeroports, l’attente, et tout ce qui va avec, serait plutot du domaine du cauchemard (je connais l’aeroport de Madrid-Barrajas par coeur, j’ai passe des heures et des heures dans ceux de Los Angeles, Philadelphie, etc…).

    D’un autre cote, depuis que j’ai lu un court article dans Nature (Vol 432, p. 257, 18/11/2004), je ne peux m’empecher de penser que les scientifiques devraient etre les premiers a penser a reduire leurs trajets en avion… Et c’est possible, si on y regarde un peu, surtout avec les technologies actuelles ! Je ne dis pas qu’il faut arreter de voler, mais seulement qu’on pourrait le faire avec un soucis d’economie. Et ca serait pas plus mal d’y penser tout de suite, histoire de limiter les rejets de CO2, mais aussi d’economiser les ressources petrolieres… Histoire de voler plus longtemps, peut-etre ?

  2. Ah oui, l’Aconcagua vu d’avion, c’est magnifique !
    Il est si haut que lorsqu’on décolle de Mendoza (à l’est, côté argentin) pour joindre Santiago de Chile (à l’ouest), on doit d’abord prendre de la hauteur en naviguant vers l’est, avant de faire demi-tour vers le Chili, pour passer juste au raz du “toit de l’Amérique”, majesteux…
    En tout cas, je partage votre avis en tout point – y compris sur le fait que la multiplication des conférences inutiles est contraire au bon sens écologique et énergétique !

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